Nous avons tous entendu parler de cette polémique interminable en relation au prix démesuré des légumes, plus précisément la pomme de terre et l’oignon. Certains d’entre nous en sommes même victimes – un complet « rip-off » en cette période de crise mondiale.
La pandémie du coronavirus aurait dû être le moment où nous les Mauriciens, se resserrent les coudes pour faire face à un seul et même ennemi invisible qui ne fait aucune différence entre riche ou pauvre. Nous parlons dans notre hymne national d’un seul peuple et d’une seule nation, regrettablement, ce n’est guère ce que nous avons vu dans les semaines passées. A l’opposé de toute attente, ce virus a été l’opportunité idéal pour la plupart des marchands de légumes ainsi que pour d’autres commerçants de s’en mettre plein les poches.
Dans une période économique normale, il est compréhensible que le but ultime d’un entrepreneur soit de maximiser ses profits. Mais quand la survie de l’humanité est en péril, la règle du jeu se doit de changer, du moins, en théorie.
Depuis le commencement du confinement, beaucoup d’employés se sont fait licencier, principalement ceux qui opèrent dans des secteurs relatifs au tourisme. Au chômage ou pas, les factures d’eau, d’électricité ainsi que le loyer sont toujours là. En dehors des factures mensuelles, le besoin de se nourrir reste le plus important. C’est justement là que nous nous attendions à voir quelques concessions venant des marchands de légumes. Dépourvu de toutes valeurs morales, ces derniers se sont empressés de vider le faible reste de nos portefeuilles et ceci sans aucun sentiment de culpabilité.
Le métier de marchand de légumes était autrefois considéré comme un métier noble et respecté par la population. Il n’avait jamais été question de devenir riche, de s’acheter de belles voitures ou de vivre dans une grande maison. Ces désires, nous le devons à une évolution trop rapide de la vie. Peu après les années 2000, Maurice a été entrainé dans un vent d’évolution sociale et technologique – le besoin d’avoir plus grand, d’obtenir toujours plus et d’être par-dessous tout, à la pointe de la technologie. Pour y arriver, nous avons constamment besoin d’argent et pour l’obtenir, certains n’ont pas hésité à faire recours aux moyens les plus tordus et sinistres.
Nous nous sommes tous adonnés à cette frénésie contemporaine à un moment ou un autre de notre existence. Cette course folle vers la richesse et la modernité nous a fait oublier des choses importantes telles que la solidarité et l’humanisme. Comment pouvions-nous croire un seul instant que les petits et grands commerçants n’allaient pas être entrainer dans cette même course ?
Les industries de production se sont elles aussi adaptées à ce train de vie. Pour essayer de nous satisfaire, ces derniers ont inventé des produits avec des prix hautement démesurés. Par exemple ; des voitures valant jusqu’à 743 millions de roupies (Bugatti LVN), des montres à Rs 2,1 milliards (Graff Diamonds), une maison à Rs 39 milliards (Antilia – Mumbai, India), une moto à Rs 439 millions (Neiman Marcus LEF) et pour conclure, une veste classique à Rs 31 millions (Stuart Hughes DE).
Alors que nos principes et codes morales disparaissent, nous devenons graduellement un être animal sans cœur. Le Coronavirus est en quelque sorte le cri de Dieu dans sa colère, nous demandant de nous éloigner de cette course vers le luxe et la grandeur. Regrettablement, dans cette colère divine qui s’abatte sur l’humanité, certaines personnes innocentes perdent la vie. Saisissons ces jours de confinement pour réfléchir sur nos erreurs et s’en éloigner.