L’incident se serait produit vers 15h20 à l’aéroport de Plaisance, alors que Mahomed Beg Shakeel, secrétaire du SSR Airport Taxi Owners Association, entamait des démarches pour qu’un touriste puisse obtenir un taxi. C’est à ce moment que les choses ont commencé à dégénérer : l’homme, âgé d’une quarantaine d’années, est interpellé par un autre chauffeur de taxi qui commence à l’insulter. Les insultes deviennent alors des menaces : « mo pou fini twa, mo pou pik twa ».
Mahomed Shakeel ne se doutait pas qu’il allait être agressé dans les minutes qui suivent . « Je me suis retrouvé entouré par un groupe de cinq personnes. Ils m’ont attaqué et m’ont assené de coups au visage et à la tête. » « J’ai souvent reçu des menaces, mais aujourd’hui, la menace a été mise à exécution», nous confie le quadragénaire.
Yougendranath Audit – Président du SSR Airport Taxi Owners Association
J’opère comme chauffeur de taxi à l’aéroport depuis 1992. Nous avons toujours fait face au phénomène des « taxi marrons », comme nous le disons dans le jargon mauricien, mais un incident de cette envergure n’est jamais survenu dans le passé. Nos multiples plaintes faites à la NLTA n’ont jamais abouti à rien de concret et l’aéroport semble avoir été pris en otage par les taxis marrons.
Des tarifs démesurés
Étant enregistrés auprès des autorités, nos tarifs sont par conséquent contrôlés, mais ce n’est pas le cas des taxis marrons. Alors que nous respectons les directives établies par les autorités, les opérateurs de taxi illégaux demandent parfois des sommes exorbitantes, dépassant même les Rs 5000 pour emmener un touriste à sa destination. Cela conduit à un enrichissement rapide et crée un atmosphère de travail injuste.
Le trafic des cartes SIM
Depuis quelque temps maintenant, l’obtention d’une carte SIM pour un touriste est devenue un exercice plus strict et par conséquent plus difficile. Les chauffeurs de taxi illégaux facilitent le processus en achetant des cartes SIM en grand nombre dans la capitale. Ces mêmes cartes qui contiennent un crédit d’environ Rs 85 seront revendues pour 50 euros l’unité ou même plus à un touriste. Dès que le crédit ainsi que le forfait internet sont épuisés, le touriste tombe des nues, pensant que la carte avait initialement un gros montant de crédit.
Des rabatteurs armés à l’arme blanche
Le comble de tout cela est sans l’ombre d’un doute les rabatteurs qui travaillent pour les taxis marrons. Ils se tiennent près du couloire de sortie de l’aéroport et vont se saisir d’un potentiel client pour le diriger vers un taxi marron. Ces rabatteurs sont aussi armés à l’arme blanche. Nous ne pouvons plus travailler après 6 heures. Les rabatteurs sont pour la plupart d’entre eux des toxicomanes qui ont trouvé un moyen de se faire de l’argent rapidement. Étant à l’aéroport depuis le matin, le « manque » devient visible vers l’après-midi. Ils se transforment en individus agressifs et violents qui hurlent sans cesse et insultent à haute voix les autres chauffeurs qui tentent de travailler en toute honnêteté.
Il est regrettable de le dire, mais ils ont réussi à créer à l’aéroport un environnement de travail toxique et malsain.